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24.04.16 – journal

Blason de mon aimée, 22.04.16
© Danièle Momont

Une pie dans la gouttière. Jusqu’à peu quand je pensais aux pies, me venaient à l’oreille les cris il y a trente ans de celles qui infestaient les fruitiers proche la chambre où je dormais & révisais mon Bac ; à l’œil celle du tableau de Monet, des Bijoux de la Castafiore. Depuis son installation à l’EHPAD de Courcelles, ma mère parfois guette un couple de pies, sa fenêtre donnant sur une double rangée d’arbres. Souvent au téléphone elle m’en parle, ou bien c’est moi qui m’en enquiers. Pour mille raisons forcément je crains la mort annoncée de la mère. Je la redoute un peu pour les pies. Pendant combien de temps après la mort de la mère la vue d’une pie me l’évoquera-t-elle ? L’association cessera-t-elle jamais ? La pie deviendra-t-elle pour moi comme un petit phénix en frac ? Quel sens prendront ses jacassements ?

La maladie de Menière a ceci d’irritant ces temps-ci qu’elle m’interdit de découvrir The Hope Six Demolition Project de PJ Harvey, Le Film de Katerine, Barbara Barbara, We Face a Shining Future d’Underworld, Les Vestiges du chaos de Christophe. Elle me prive souvent du plaisir de lire, elle m’empêche de sortir, elle m’empêche de gagner mon pain.

Zappé ce jour sur la plus vaste raie jamais pêchée en eau douce, dont l’envergure approche deux mètres, d’un brun de vergeoise blonde, qui pendant que les scientifiques l’examinent met bas deux petits dont aussitôt chacun fait sur son dos l’effet d’une ventouse anthracite – tout le temps du filmage, les bords de la raie se tuyautent mollement, liquidement.

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