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10.01.17 – journal

© Danièle Momont — Veules-les-Roses, 06.03.15

Comme beaucoup d’adolescents, j’ai subi mon quota de malaises vagaux, mais, sauf une fois, au lycée, dans un autocar qui nous menait au musée d’Art Moderne de Villeneuve-d’Ascq, j’ai toujours filé assez tôt pour m’isoler avant de devoir me donner en spectacle. Au printemps de l’année deux mil quinze, à la terrasse d’un café où je déjeune avec K*, sous l’action conjuguée du soleil dans mon dos, de la vitesse excessive à laquelle je mange pour m’accorder au rythme de K*, très supérieur au mien, et, surtout, d’un embarras que j’ai choisi de lui taire, moins pour ne pas la raser que pour m’épargner de l’évoquer, que pour m’en distraire puisque depuis sa survenue il m’obsède, je renoue avec le malaise de ma jeunesse et, comme alors, quitte la table à temps pour gagner les toilettes, où, nonobstant ma stupeur et mes oreilles ouateuses, je m’aperçois, avant, tout compte fait, de réclamer K* près de moi par l’entremise d’une serveuse, que les haut-parleurs des W.C. diffusent, non pas de la musique, mais la voix de Gilles Deleuze dans son Abécédaire — j’omets de noter la lettre qui l’occupe.

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