Nuit Blanche 2016, Paris, 01.10.16
© Danièle Momont
J’ai suivi les jeux paralympiques, avec moins d'assiduité que les jeux olympiques, mais je les ai suivis. Le concours de la hauteur masculine est remporté par un Indien dont la jambe et le pied ont été mutilés par la voiture qui l’a renversé lorsqu’il était enfant — peut-être l’accident s’est-il produit en rase campagne, j’ai cependant du mal à imaginer un autre décor à l’événement que les rues saturées de Bombay ou Delhi. Mesurant un mètre soixante-trois, le jeune homme franchit, pour gagner l'or, une barre située à un mètre quatre-vingt-neuf. Sa jambe est abîmée, son pied l'est probablement davantage, au contraire de la jambe il n’est pas nu et l’on croirait d’un poing dans une chaussette. L’Indien effectue sa course d'élan à cloche-pied, puis prend brièvement appel sur sa jambe infirme. En écrivant, j'écoute Barbara Barbara, we face a shining future — le titre de l'album est la dernière phrase prononcée par le père de l'un des membres du groupe. Électronique pour partie, je l'écoute parce qu'il m'envoûte. La conductrice d'un camion, coiffée d'un bonnet à fleurs et manifestement andine, fait avancer son engin vers un bac. Jean-Luc Godard se propose par téléphone pour prendre la tête du département de cinéma du centre universitaire expérimental de Vincennes. On lui demande s'il possède un lien de parenté avec le réalisateur. Il ne donne pas suite. Devant une hutte que son matériau végétal autorise à qualifier de chevelue, des Africains mi nus font cuire dans la braise de petits fruits très verts et très ronds. Dans les flammes ils préparent un mets des consistance et couleur du riz au lait, qu'on sert dans des morceaux d'écorce concaves, puis mange avec les doigts.
Références : 360° – Géo (émissions de télévision) — Vincennes, l'université perdue (réalisatrice Viriginie Linhart)
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